Propagation du choléra dans la région du Kasaï (RDC) : le ministère de la Santé passe à la vitesse supérieure

Kinshasa, 12 novembre 2017 - Tout juste revenu d’une mission au Mozambique et en Afrique du Sud, le Ministre de la Santé, le Dr Oly Ilunga Kalenga, a convoqué, ce samedi 11 novembre 2017, une réunion d’urgence sur la situation du choléra suite aux récentes poussées de l’épidémie dans la région du « Grand Kasaï »
Communiqué de presse du ministère de la Santé de RDC

A la semaine 44, allant du 30 octobre au 5 novembre 2017, des cas suspects de choléra ont été identifiés dans 72 zones de santé du pays. Les équipes du Programme national d’Elimination du Choléra et de lutte contre les autres Maladies diarrhéiques (PNECHOL-MD) ont rapporté 2.001 cas, dont 600 se trouvent au Kasaï. Et, sur les sept nouvelles zones de santé touchées, six sont aussi dans cette région.
 
Les équipes du PNECHOL-MD craignaient l’arrivée du choléra dans cette région fragilisée du pays en raison de l’absence de structures de soins adaptées ainsi que la difficulté d’accès à la région. Elles avaient d’ailleurs tiré une première sonnette d’alarme le 23 aout dernier.
 
Ainsi, le Professeur Didier Bompangue, Coordinateur du PNECHOL-MD, a présenté un nouveau plan global de riposte contre le choléra axé sur la décentralisation de la coordination nationale dans les neuf provinces les plus touchées du pays et sur une meilleure coordination de tous les acteurs actifs sur le terrain.
 
« L’heure n’est plus aux discussions mais à l’action. Nous parlons ici de pertes de vies humaines évitables. Notre devoir est de mettre en place des mécanismes d’intervention rapide afin d’éviter de revivre la catastrophe de 1994 à Goma », a déclaré le Professeur Bompangue. Pour rappel, lors de la grande épidémie de choléra de 1994, 58.057 personnes étaient décédées, dont 12.000 la première semaine de l’épidémie.
 
Dans un plaidoyer passionné, il a déploré le manque de réactivité et l’inefficience de certaines parties et il les a exhortés à revoir leurs méthodes de travail afin de les rendre plus efficaces. Il a d’ailleurs précisé que jusqu’à présent, seuls l’OMS et les Gouvernements congolais et chinois avaient débloqué des fonds en faveur des équipes de professionnels de la santé du PNECHOL-MD déployées sur le terrain.
 
Vu l’urgence et suite aux informations reçues, six tonnes d’intrants ont été acheminés ce dimanche matin dans les trois plus grands foyers apparus dans la région du Kasaï, à savoir Ngandajika, Mwene Ditu et Luisa. Par ailleurs, une équipe d'experts est également arrivée à Ngandajika aujourd'hui avec 4.000 litres de soluté de Ringer. 
 

Le Ministre de la Santé a conclu la réunion en disant que l’urgence à l’heure actuelle est d’avoir une meilleure coordination de tous les acteurs et toutes les interventions sur le terrain. Comme il l’a rappelé, une armée décentralisée, sans coordination centrale, ne peut pas gagner une bataille de cette envergure.
 
Ainsi, il a demandé aux différentes parties liées au Ministère de la Santé ainsi qu’aux partenaires présents de faire un mapping détaillé des interventions en cours afin d’identifier clairement les gaps éventuels et organiser une riposte plus efficace et mieux coordonnée.

La prochaine réunion de ce comité de crise de la lutte contre le choléra aura lieu mardi prochain, le 14 novembre 2017.

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Depuis janvier 2017, nous comptons 43.852 cas suspects et 871 décès, soit une létalité de 1,9%. Par ailleurs, au moins un cas de choléra a été identifié dans 21 des 26 provinces de la RDC et 200 des 515 zones de santé ont déjà été touchées au moins une fois. L'épidémie de choléra a été déclarée en juillet 2017 lorsque le seuil critique de 1% de taux de létalité a été dépassé.
 
Contact presse : Jessica Ilunga
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